jeudi 27 mai 2010

Début du roman

Gérard le voyageur sans histoire
Un homme marche. Il passe d’une tache de lumière à une tache d’ombre. Les traces de ses pieds s’effacent, lentement balayées par le vent. Le soleil se lève, les ombres sont longues.
A petits pas, il chemine, s’éloignant peu à peu. Il se fond dans l’espace, montant vers un sommet qui n’existe pas.

Son Coeur bat : thum, thum, thum. Il résonne.
L’air lui manque. Ses pieds nus s’enfoncent dans le sol mouvant.
Silence, silence : le marcheur écoute son cœur.

Les couleurs de son univers sont orange, bleu et ombre, pas de nuages à l’horizon.
Ses jambes fléchissent sous l’effort. Comme de l’eau, la substance orange passe sous ses ongles. Sa salive s’assèche, des particules pénètrent dans sa gorge. Sa sueur n’est plus que solide. Le souffle court, il s’arrête.
Autour de lui, tout est vide.

Ce vide envoûtant. Vous écrase. Vous piétine. Il tend son oreille. Il n’y a plus de son.
Il s’abandonne, se replie sur lui-même, se couche et attend.
Le sable se répand sur son corps. Doucement son aspect change, il disparaît, son être devient poussière. Il s’efface, sans laisser de traces. Sa main se lève vers le ciel. Lentement il redescend son bras et l’enfouit. Il a disparu de la surface.

Ses yeux indigo s’ouvrent. Son corps se charge d’énergie. Il ne peut le voir mais le sent qui le prend, le pénètre, le palpe, le caresse, le guérit, le transporte, traversant les pores de sa peau, troublant tous ses sens. Sa mâchoire bouge, un sourire cristallin, enfantin, illumine son visage.
Il rit, crachant du sable il se relève et se met à danser. Il est juste heureux.
Lentement, il fait demi-tour et essaye de retrouver ses traces. Le vent est apparu et a effacé ses pas. L’homme a tellement marché que son chemin n’existe plus. Il s’est égaré. Il hurle.
Son parcours s’arrête là.

Les étoiles brillent dans un ciel bleu nuit, quelques chauves-souris volent à la poursuite d’insectes. Un rayon de lune traverse une fenêtre, éclairant une chambre. L’air fait voleter le rideau. Entre les murs crème, un vieux ventilateur tourne. Il couine doucement, usé par les années.

Je transpire et remue dans mon sommeil. Je tends mon bras, les doigts ouverts. Mes yeux s’entrouvrent. Lentement, je me tourne de l’autre côté, un sourire aux lèvres.

Un rouge-gorge, haut dans le ciel, pique vers lui. Une fleur dans le bec, il volette de dune en dune. Les yeux indigo ne le quittent plus et mécaniquement les pieds reprennent la route un pas après l’autre. La trace s’allonge. Dans un rayon de soleil l’oiseau disparaît.
Je souris tout à mes rêves, doucement ma main passe sur mon visage.
Les ombres raccourcissent. Une fleur sur la dune se balance. Une main se penche et la ramasse. A travers son regard il n’y a plus d’hésitation, cette petite plante est une trace de vie si grande, l’espoir rafraîchit son cœur sous ce soleil de plomb.

Aucun commentaire: