mercredi 16 mai 2007

Oloron Sainte Marie, La Rochelle, résumé

Oloron Sainte-Marie, La Rochelle :
Du 11 avril 2007 au 27 avril 2007

450 kilomètres de voyage, en solitaire, sans assistance, sans rendez-vous, sans horaire, 120 kilomètres sur quatre rivières qui n’en font qu’une. 330 kilomètres sur un océan, ce serait un résumé simple mais pourtant cela ne fonctionne pas comme cela.

Bien que le départ officiel soit à Oloron-Sainte-Marie, nous partons vingt kilomètres en amont sur le gave d’Ossau, sur la rivière sauvage.
Nous, Oui nous sommes deux sur un canoë de forme indienne.
Hugo Desmaison, seize ans, m’accompagne jusqu'à Peyrehorade pendant trois jours.
Il vient découvrir la rivière et la vie outdoor, avant de m’accompagner cet été au Spitzberg en expédition. Les rapides et les barrages disparaissent derrière nous au fur et à mesure de notre progression. La tente, les duvets, la nourriture alourdissent notre Indio. La rivière est belle. Les décharges sauvages ont disparu. Malgré le mauvais temps nous nous sentons bien.

A Navarrenx, haut lieu de la pêche au saumon, j’ai un haut-le-cœur : la qualité de l’eau est médiocre pour la baignade. Il faudra encore faire des efforts pour que le gave d’Oloron retrouve sa pureté.
Sauveterre-de-Béarn est devant nous. Sa citadelle est imposante sur l’eau. Je parle à Hugo des radeleurs ces hommes qui jusqu’au milieu du XIXe siècle descendaient des troncs d’arbres jusqu’à Bayonne. Les Rafteurs d’aujourd’hui sont les héritiers de ces gens-là. Ils furent les premiers à aménager les cours d’eau pour naviguer.

Les Gaves Réunis : ici la marée se fait sentir pourtant l’océan est encore loin. Je laisse mon compagnon, charge mon kayak de mer un Iceflot et peu après rejoins l’Adour. Il devrait se jeter à Capbreton mais les hommes ont décidé de le dévier vers Bayonne au seizième siècle. J’arrive sous la pluie, dans le brouillard, avec l’obscurité qui m’entoure dans le port d’Anglet. On me prête un voilier pour dormir. Demain ce sera l’océan.
Mon cœur est un peu triste, Hugo n’est plus là.
Je n’ai pas trouvé Ninon un phoque gris que j’allais voir cet hiver dans l’estuaire.
Elle posait sa tête sur le kayak en mangeant ses anguilles. Ce voyage c’est un peu pour la retrouver. Sur un Océan immense c’est bien sûr improbable. Il y a aussi les cétacés prés du gouf de Capbreton. Durant tout l’hiver des corps sans vie s’échouent sur la côte. Moi, je voudrais les voir vivants.
Vieux- Boucau : je reste bloqué par la barre trop importante. L’océan ne veut pas de moi. Il faut attendre. Le doute s’installe, et si je reste bloqué pendant plusieurs jours ?
La plage, la dune, les pins, rien ne change durant tout mon périple. Le paysage n’évolue pas. Les hommes en sont absents. Je dors dans les dunes.
Mimizan marque le retour à la civilisation, avec le patron d’un hôtel qui m’invite, un restaurateur qui décide de faire exploser mon ventre au foie gras.
Le Centre d’Essai des Landes m’autorise à passer il faut atteindre Biscarosse en une étape, le brouillard m’entoure et je rame au compas.
A l’entrée du bassin d’Arcachon, Claude et ses amis de l’Ast Kayak, viennent à ma rencontre. Ils sont six, pas tous jeunes mais leurs yeux brillent. Le soir je leur présente mon petit film sur le Spitzberg.
Ils m’invitent à passer une journée de repos chez l’un deux. Je me retrouve avec FR3 et des journalistes qui désirent comprendre pourquoi je fais ça. Je voudrais leur dire que c’est juste pour mon plaisir, mais il faut argumenter, plaisir de la découverte, envie d’être en communion avec les éléments, Ninon, Hugo, les cétacés, tout y passe et puis aussi et surtout parce que l’aventure commence quand on franchit le pas de la porte.

Les amis m’accompagnent jusqu’au Cap-Ferret. Et puis de nouveau c‘est la dune et l’absence d’humain. Pourtant ils sont là, du moins leurs déchets, pas un endroit où je ne débarque sans trouver des plastiques, du verre. Je n’ose pas penser à ce qu’il y a sous l’eau et dans l’eau. Tous les soirs je suis obligé de nettoyer pour pouvoir planter ma tente.
Je n’ai jamais rencontré personne me disant qu’il est responsable ; étonnant !

L’estuaire de la Gironde et le phare de Cordouan. A gauche l’Amérique, derrière dix kilomètres d’eau, à droite des brisants, devant des vagues hautes comme des maisons et le banc de la Mauvaise qui m’attendent ; du grand kayak, du beau kayak, suivre le rythme des vagues, passer dans les chenaux entre les vagues, mettre mon instinct dans la partie et ça marche, J’arrive sur la rive fatigué les cheveux secs.

Le lendemain c’est un petit piége qui m’attend je me sers d’une baïne pour sortir du banc de la Mauvaise. Malheureusement à son extrémité la barre est trop importante.
Je me retrouve sur la plage tirant mon kayak. Dix kilomètres me séparent de l’île d’Oléron, Quatre heures plus tard j’arrive à embarquer et à franchir la barre dans de bonnes conditions de sécurité. Je pars au large pour éviter les rouleaux.

L’île d’Oléron apparaît je cherche la passe de Maumusson et de nouveau je suis dans de très grandes vagues. Je file avec elles, elles m’emportent vers la côte.
Cette passe est évitée par les marins. Moi j’y fonce et enfin c’est l’accalmie. Je suis dans la baie. Il n’y aura plus de grandes vagues. Je trouve un hôtel où l’on me fait un superbe accueil. Demain c’est la fin.

Le brouillard ne veut pas partir. Depuis le pont d’Oléron je ne vois rien à part mon compas. Durant 5 heures je navigue au cap. C’est la bonne direction mais où suis-je ? Aucune terre n’est visible, pas de fort Boyard, pas d’île d’Aix, pas de côte.
Moment d’incertitude où il faut continuer. Deux tours apparaissent : c’est l’île d’Aix. Je me restaure et me détends un peu. Je change mon cap direction nord-est.
Erreur volontaire pour éviter de rater la Rochelle, et retrouver la sécurité de la côte. Tout mon corps me fait mal mais Claude et Odette m’attendent pour me ramener à Arcachon. Je rejoins une falaise. Un pêcheur en Zodiac est là. Je l’interpelle :“Où est la Rochelle s’il vous plait ? A deux miles.“
Trois kilomètres et c’est fini, je n’avais qu’une envie m’arrêter. Quelques forces reviennent. J’appelle Claude, Radio Oloron avec mon portable, pour annoncer mon arrivée, c’est fini. Maintenant ce sera le Spitzberg, avant d’autres projets.

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