jeudi 10 mai 2007

Gerard le voyageur sans histoire (1)

Cette histoire
qui a commencé dans un décathlon du sud de la France sous les yeux du chef de rayon qui continue dans une petite maison d’un petit village des Pyrénées espagnole
et qui finira-je ne sais où,
est dédié aux amants de la vie
qui ont croisé mon chemin
tout au long de ces années.


Historiette N°1 L’homme du désert :

Un homme marche. Il passe d'une tache de lumière, à une tache d'ombre. Les traces de ses pieds s’effacent lentement balayés par le vent. Le soleil se lève, les ombres sont longues. A petit pas, il marche, s'éloignant peu à peu. Il se fond dans l'espace montant vers un sommet qui n'existe pas.
Son cœur bat ; thum, thum, thum. Il résonne en lui.
L'air lui manque. Ses pieds nus s'enfoncent dans le sol mouvant.
Silence, silence : le marcheur écoute son cœur.
Les couleurs de son univers sont orange, bleu et ombre, pas de nuage à l’horizon.
Ses jambes fléchissent sous l’effort. Comme de l’eau la substance orange passe sous ses ongles. Sa salive s’assèche, des particules pénètrent dans sa gorge. Sa sueur n'est plus que solide. Le souffle court, il s'arrête. Autour de lui il n'y a plus que le vide.
Ce vide envoûtant qui vous écrase qui vous piétine. Il tend son oreille. Il n’y a plus de son.
Il s’abandonne, ce repli sur lui-même, se couche et attend.
Le sable se répand sur son corps. Doucement son aspect change, il disparaît, son être devient poussière. Il s’efface, sans laisser de traces. Sa main se lève vers le ciel. Lentement il redescend son bras et l’enfouit. Il a disparu de la surface.
Ses yeux indigo s'ouvrent. Il sent son corps se charger d'énergie.
Sa mâchoire bouge, un sourire cristallin illumine son visage. Il se met à rire, crachant du sable il se relève et se met à danser. Il est juste heureux. Lentement il fait demi-tour et essaye de retrouver ses traces. Le vent s’est levé et a effacé ses pas.
L’homme a tellement marché que son chemin n'existe plus. Il s’est égaré.
Il hurle car son chemin s'arrête là.

Les étoiles brillent dans un ciel bleu nuit, quelques chauves souris volent à la poursuite d’insectes. Un rayon de lune traverse une fenêtre, éclairant une chambre chaque fois que l’air fait voleter le rideau. Les murs sont de couleurs crème, un vieux ventilateur tourne.
Il couine doucement usé par les années.
Je transpire et remue dans mon sommeil. Je lève mon bras, la main ouverte. Mes yeux s’entrouvrent. Lentement je me tourne de l’autre coté, un sourire aux lèvres.

Un rouge-gorge haut dans le ciel pique vers lui. Une fleur dans le bec, il volette de dune en dune. Les yeux indigo ne le quittent plus et mécaniquement les pieds reprennent leur chemin un pas après l’autre. La trace s’allonge. Dans un rayon de soleil l’oiseau disparaît.

Je souris dans mon sommeil, doucement je passe ma main sur mon visage.

Les ombres raccourcissent, une fleur est sur une dune. Une main se penche et la ramasse.
A travers son regard on ne voit plus d’hésitation, cette fleur, cette petite fleur est une trace de vie si grande ici que l’espoir rafraîchit son cœur sous ce soleil de plomb.
Il marche toute la journée le soleil frappe durement ce visage. Assoiffé, il s’arrête.
A l'aide de son Laguiole multifonctions, il se tranche une veine pour boire son sang. La nuit tombe, la croix du Sud illumine le désert. Il s'aperçoit qu'il a marché dans le mauvais sens et qu’il s’est enfoncé dans le désert. Epuisé, il tombe à genou et s’endort.



1 commentaire:

capdevielle a dit…
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