dimanche 30 mai 2010

extrait : Gérard le voyageur sans histoire

Gérard le voyageur sans histoire extrait
La montée est raide, je souffle fort, mes pas sont courts. L’envie de redescendre me traverse l’esprit. Un vautour fauve croise le ciel. Mes pieds continuent sur la sente dans la pente vertigineuse. Le soleil n’est pas encore arrivé, il sera en haut avant moi. Un sanglier surpris s’en va, l’air vexé de sa propre peur, à travers les hêtres. Un renard saute du chemin et disparaît derrière un rocher. Des choucas volent en bande au gré des courants d’air sur les estives. Je ne sais qui joue avec quoi ? Cela semble si simple, leurs tonneaux et autres acrobaties, est-ce l’air ou eux qui dirige cette escadre ?
Je marche seul, transpirant abondamment, voir allègrement. Il n’y a pas plus de neige à la cime que de cheveux sur le sommet de mon crâne. Enfin j’y suis, la plaine immense se révèle à l’instant où le premier rayon de soleil me réchauffe. Une bouffée de bonheur entre en moi. Plus aucune barrière ne bloque ma vision qui s’en va loin, tout au bout de l’horizon. L’herbe est bien verte, des fleurs commencent à éclore tout doucement, timidement, comme si elles craignaient encore le retour du froid de l’hiver.
C’est beau, l’air est cristallin, le ciel est pur. Deux petits nuages blancs sont dans un coin l’un à côté de l’autre comme s’ils ne voulaient déranger personne. Derrière moi les pics sont encore enneigés et scintillent. Je cherche la Dame Blanche pour m’amuser, et voit la forme d’une princesse qui dort. Sa silhouette drapée d’une grande robe blanche laisse entrevoir sa tête ornée de longs cheveux bruns, ses seins, son ventre, ses pieds. Majestueuse, elle change ses atours en fonctions des saisons et de la lumière.

Je ne l’avais jamais vu alors qu’elle est là depuis des millénaires.
Un souffle d’air me fait tressaillir. Je change mon polo, passe un pull en laine polaire, sors un thermos de café et un sandwich que l’on m’a préparé à l’hôtel pour casser la croûte. Tout en mâchant, mon regard se tourne vers la grande forêt du Bager. J’ai l’impression de ne l’avoir jamais observée. Elle me semble toute neuve. C’est peut être la rosée du matin qui la rend si belle. Sur ma gauche, je vois deux grands arbres tout jaunes. Mes sens reviennent sur ce pain si croustillant dans lequel un bon fromage de brebis doré se trouve.
Mes yeux qui semblent plus rapides que mon esprit repartent vers ces deux points jaunes entrevus un bref instant. Le haut d’une falaise me gêne pour voir tout autour. Je me déplace sur une courte distance, et là, huit cents mètres plus bas, un immense visage apparaît.
Le front est une prairie où paissent des chevaux. Les cheveux sont verts éclatants. Les deux bouquets d’arbres jaunes, des mimosas, sont les yeux. Le nez est blanc. Les joues pétillantes sont presque orangées. La bouche bordeaux sourit. Du blanc laisse deviner les dents. De grands bouleaux dessinent le contour. La nature pourrait-elle dessiner cette peinture de maître elle-même ?
Je sais que c’est le travail de l’homme ou plutôt de Philippe Belengin. Mais l’humain fait partie du règne animal, de la terre, c’est elle qui l’a dirigé pour se parer d’une œuvre d’art à la grandeur de sa nature.
Mon étonnement grandit encore quand je m’aperçois que ce doux visage masculin est tourné vers une petite vallée en triangle qui dans beaucoup de civilisation est le symbole de la féminité. Le masculin regardant le féminin, déjà épris de sa beauté, qu’ily a-t-il de plus beau comme message ?
J’essaye de graver cette vision, sans succès. Cette image ne veut pas être photographiée. La pellicule ne peut pas l’emprisonner. Mes yeux voient le dessin, l’objectif cadre toujours trop loin, perdant les détails, ou trop près, perdant l’ensemble. Je ressens que tout est éphémère, et ne peut le saisir. A chaque seconde qui passe je m’énerve davantage. Seule ma mémoire le reverra. Je suis incapable de le ramener vers les autres. Ils devront le découvrir par eux-mêmes, en suivant ce sentier qui mène au sommet alors que la lumière du petit jour l’éclaire doucement.

jeudi 27 mai 2010

Soirée voisins et plus

Le premier Juin avec la mairie de Goes nous organisons la projection Du vol du goéland (Arctique) du Kayak-Postal. Nous discuterons autour de mon livre et de mes voyages.

Bref une soirée rare puisque je n'ai pas présenté les films ensemble depuis trois ans.

C'est ouvert à tous (enfant compris) gratuit et c'est Mardi 1 Juin à 20h30 à la maison pour tous à Goes

Début du roman

Gérard le voyageur sans histoire
Un homme marche. Il passe d’une tache de lumière à une tache d’ombre. Les traces de ses pieds s’effacent, lentement balayées par le vent. Le soleil se lève, les ombres sont longues.
A petits pas, il chemine, s’éloignant peu à peu. Il se fond dans l’espace, montant vers un sommet qui n’existe pas.

Son Coeur bat : thum, thum, thum. Il résonne.
L’air lui manque. Ses pieds nus s’enfoncent dans le sol mouvant.
Silence, silence : le marcheur écoute son cœur.

Les couleurs de son univers sont orange, bleu et ombre, pas de nuages à l’horizon.
Ses jambes fléchissent sous l’effort. Comme de l’eau, la substance orange passe sous ses ongles. Sa salive s’assèche, des particules pénètrent dans sa gorge. Sa sueur n’est plus que solide. Le souffle court, il s’arrête.
Autour de lui, tout est vide.

Ce vide envoûtant. Vous écrase. Vous piétine. Il tend son oreille. Il n’y a plus de son.
Il s’abandonne, se replie sur lui-même, se couche et attend.
Le sable se répand sur son corps. Doucement son aspect change, il disparaît, son être devient poussière. Il s’efface, sans laisser de traces. Sa main se lève vers le ciel. Lentement il redescend son bras et l’enfouit. Il a disparu de la surface.

Ses yeux indigo s’ouvrent. Son corps se charge d’énergie. Il ne peut le voir mais le sent qui le prend, le pénètre, le palpe, le caresse, le guérit, le transporte, traversant les pores de sa peau, troublant tous ses sens. Sa mâchoire bouge, un sourire cristallin, enfantin, illumine son visage.
Il rit, crachant du sable il se relève et se met à danser. Il est juste heureux.
Lentement, il fait demi-tour et essaye de retrouver ses traces. Le vent est apparu et a effacé ses pas. L’homme a tellement marché que son chemin n’existe plus. Il s’est égaré. Il hurle.
Son parcours s’arrête là.

Les étoiles brillent dans un ciel bleu nuit, quelques chauves-souris volent à la poursuite d’insectes. Un rayon de lune traverse une fenêtre, éclairant une chambre. L’air fait voleter le rideau. Entre les murs crème, un vieux ventilateur tourne. Il couine doucement, usé par les années.

Je transpire et remue dans mon sommeil. Je tends mon bras, les doigts ouverts. Mes yeux s’entrouvrent. Lentement, je me tourne de l’autre côté, un sourire aux lèvres.

Un rouge-gorge, haut dans le ciel, pique vers lui. Une fleur dans le bec, il volette de dune en dune. Les yeux indigo ne le quittent plus et mécaniquement les pieds reprennent la route un pas après l’autre. La trace s’allonge. Dans un rayon de soleil l’oiseau disparaît.
Je souris tout à mes rêves, doucement ma main passe sur mon visage.
Les ombres raccourcissent. Une fleur sur la dune se balance. Une main se penche et la ramasse. A travers son regard il n’y a plus d’hésitation, cette petite plante est une trace de vie si grande, l’espoir rafraîchit son cœur sous ce soleil de plomb.

mercredi 12 mai 2010

15 Mai Dédicace


de 15 à 19heures à la petite librairie à coté de la cathédrale Sainte Marie à Oloron.
J'aurai le plaisir de vous dédicacer Gérard le voyageur sans histoire.

jeudi 6 mai 2010

Préface de Gérard le voyageur sans histoire

PRÉFACE
L’espèce voyageuse est variée et possède de nombreuses sous-espèces.
La plus commune, la plupart du temps grégaire, ne manque rien des beautés de la terre (lagune de Venise, ruines de Pompéi, jardins du Tivoli, cirque de Gavarnie...).
Elle vient constater que la réalité ressemble à ce qui est décrit dans les guides. Elle fait tout pour illustrer la phrase de Sacha Guitry : «En somme, je m’aperçois que les voyages, ça sert surtout à embêter les autres, une fois que l’on est revenu».
D’autres, migrent dans de gros avions vers le soleil, le sable et les perversions moins chères et moins dangereuses qu’à domicile.
D’autres encore, farouches individualistes, se retrouvent avec d’autres farouches individualistes pour grimper, sauter, glisser, pagayer, fumer dans des lieux parfois non signalés dans les guides.

L’espèce blogue, photographie, filme, publie des livres et fait des conférences pour raconter l’histoire de son voyage.
Et puis, il y a ceux qui sont en voyage pour être avec eux-mêmes, pour vivre dans le prévu et l’imprévu, pour rencontrer des gens.
Gérard, par exemple , nous raconte son ailleurs par des historiettes: comment il se ramasse une valise sur la tête et ce qui s’ensuit ; comment il explore une agence pour l’emploi et le courage dont il faut faire preuve dans ce mi¬lieu ; comment M. Belengin a perdu sa femme décapitée par une porte de métro ; comment il chasse l’éléphant avec Lord Brighton, comment on fait pour se débarrasser de Gaston, un facteur béarnais sournois…
Vivre des historiettes, ici ou là-bas, et si c’était ça, l’art du voyage ?
Francis CHA

mercredi 5 mai 2010

C'est partis


Bonjour, le voici ce premier roman. Avec une préface de Francis Cha il vous amènera du désert, à Cuba, au fin fond du Béarn en passant par Londres et Paris. De l'humour et plein d'énergie.

Vous pouvez le commander à : Jean Capdevielle éditions Osolasbas 30 rue Jean Mermoz 64400 Goes.

Le prix est de 15 euros plus 3.50 de frais de port.
Mentionnez bien votre adresse c'est utile pour le recevoir